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Le sujet est fréquent quand les gens savent que j’étudie en mode. Les gens me disent comme c’est épouvantable le « fabriqué en Chine » ; « J’ai reçu ceci ou cela, mais tsé ça vient de Chine, ça vaut pas grand chose ». Je ne peux m’empêcher d’être en désaccord. Il semble évident que plusieurs personnes manquent d’information sur le sujet et c’est pour mieux les informer que je vous propose le présent article.

 

À L'ORIGINE

Pour débuter, il faut faire un retour dans le passé. Comment la Chine a-t-elle pu devenir une puissance mondiale dans la fabrication de produits surtout dans l’industrie du vêtement ? Il faut savoir que plusieurs grands événements et facteurs en sont responsables.

 

Tout d’abord, en 1995, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) a annoncé l’abolition des quotas pour 2005. Initialement, la réglementation permettait l’établissement de quotas précis sur la quantité de produits importés et exportés par chaque pays. La Chine qui commençait à se démarquer côté production avait des quotas très stricts sur la quantité de produits qu’elle pouvait vendre à des pays comme le Canada, les États-Unis et ceux d’Europe. Dans la période où le commerce avec la Chine était donc sujet à des quotas, l’importance de la production chinoise dans le milieu de la mode était déjà significative. L’OMC a averti 10 ans à l’avance les pays que cette réglementation serait levée en 2005. Malgré cela, la plupart des acteurs impliqués comme le Canada, les États-Unis et l’Europe ne se sont pas préparés. Ainsi en 2005, la Chine a littéralement envahi les marchés internationaux. À tel point que les États-Unis et l’Europe ont demandé un moratoire de trois ans pour mieux se préparer. De son côté, la Chine s’était préparée pendant ces dix ans puisqu’elle considérait que ce serait un avantage pour son économie. 

 

Un autre facteur important est l’abolition des tarifs douaniers. L’autorité des marchés financiers (AMF) a été créée en 1974 pour contrôler l’arrivée de produits de pays en sous-développement. Pour ces derniers, les tarifs douaniers ont été abolis pendant la même période.

 

Pour finir en force, la Chine est entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce en 2001, leur permettant ainsi de se joindre au concert des nations en matière de commerce international.

 

Avec le temps, la Chine a joué ses cartes de la bonne façon et, grâce à sa planification minutieuse, en a récolté des avantages énormes. Les pays industrialisés se sont fait envahir par la production de pays sous-développés en particulier celle de la Chine. Pris au dépourvu, le reste du monde n’avait pas les outils requis pour « combattre » ce pays.

 

Malgré tout, les pays industrialisés en ont profité énormément aussi. Tout d’abord, les consommateurs ont pu observer une diminution des coûts des produits en général causé par une plus grande compétition entre les entreprises et le fast-fashion a fait son arrivé dans l'industrie de la mode (le fast-fashion se définit ainsi : vente de morceaux mode à très bas coût, mais que le consommateur peut porter pour une très courte période à cause du côté éphémère de son style – par exemple: Forever 21 est un magasin fast-fashion). La compétition est devenue si féroce que les prix dans la chaine d’approvisionnement ont chuté et les magasins aux détails ont transféré leur production complète en Chine. Les grandes entreprises comme H&M et Forever 21, ont ouvert des usines à moindres coûts là-bas, leur permettant d’accroître leurs profits comme jamais. Les mises à niveau et les progrès technologiques ont contribué à améliorer le processus de production. En 2006, la Chine était la source d’environ 50% des importations canadiennes.

 

LÀ-BAS

Initialement, la Chine offrait des produits de moins bonne qualité et s’est vue affubler du terme bon marché très rapidement. De plus, de nombreuses questions ont été soulevées : les conditions de travail très difficiles, l’hygiène des produits, la qualité des infrastructures... Cela peut s’expliquer par le fait que la Chine a eu de la difficulté à s’adapter à la demande croissante, à la compétition et qu’il y aura toujours des entreprises ou des personnes qui vont vouloir abuser des systèmes et des gens. 

 

Une autre raison expliquant l’image bon marché de la Chine réside dans le fait qu’une très grande partie de la contrefaçon se fait encore dans ce pays, sans que le gouvernement n’intervienne vraiment. Malgré tous les événements et opinions, les années ont passé et l’économie de la Chine a continué de s’accroitre. Le gouvernement a adopté plusieurs mesures pour encourager les entreprises privées et un réseau dans l’industrie de la mode s’est développé.

 

Maintenant, la Chine possède les dernières technologies pour ce qui est des machines de production. Son atout majeur est sa chaîne industrielle complète. Cette dernière offre qualité, méthodes de production très spécialisées et rapidité d’exécution extraordinaire. La Chine n’a fait qu’utiliser l’opportunité qui s’offrait à elle, ce qui lui a permis de devenir la puissance mondiale qu’elle est maintenant. En fait, la Chine a tellement profité de cette croissance que des changements sociétaux se sont produits : les salaires de production ont augmenté, la Chine a attiré des entreprises considérées de grande qualité (Louis Vuitton, par exemple) et elle a développé des expertises particulières plus coûteuses. Déjà une partie de la production commence à se déplacer vers le Cambodge et autre pays de l’Asie du sud. Même qu’aujourd’hui, des chaînes comme H&M considèrent la Chine trop chère et déplacent leur production vers des pays moins coûteux. 

ICI

Je sais ce que vous pensez; cela doit sonner comme ceci : « exactement ce que je pensais je ne change pas d’avis je préfére des produits faits au Québec. ». La réalité est que l’industrie a reçu un choc si important quand les politiques ont changées qu’elle n’est plus capable de produire ici même de façon rentable. Le Canada avait 10 ans pour se préparer et absolument rien n’a été entrepris pour protéger notre industrie. Des milliers d’emplois ont été perdus parce qu’on a sous-estimé l’impact de la Chine. Plusieurs entreprises ont fermé leurs portes et les autres n’ont plus assez de compétences pour offrir des services qui donnent une valeur ajoutée aux produits. Dans un marché québécois actuellement très fragile, les entreprises d’ici ont de la difficulté, car elles sont incapables de concurrencer les entreprises qui font produire leurs collections complètes en Chine. Plusieurs comme Reitmans et Aldo ont même commencé à adopter ce modèle d’affaires, car elles savaient qu’il n’y avait pas d’autres options : c’était produire en Chine ou faire faillite.

 

Une autre réalité à considérer est que plusieurs personnes réclament du « fait au Québec/Canada. » La dure réalité est que les consommateurs ne passent pas souvent de la parole aux actes. Rendue à la caisse enregistreuse, la majorité d’entre eux n’achète pas, car le prix est beaucoup plus élevé. Le portefeuille pèse beaucoup plus dans la balance que le patriotisme. De plus, le faible pouvoir d’achat des Québécois fait en sorte que le « fait en Chine » est un incontournable pour une vaste majorité de consommateurs.

 

Nous sommes tous d’accord pour dire que dans un monde idéal nous voudrions que tous nos produits viennent d’ici, mais avec les réalités des dernières années, pour le moment, il est plus réaliste de penser plutôt vouloir des vêtements « conceptualisés au Québec/Canada. » Au moins, une partie de la création du produit vient d’ici même si sa production matérielle est faite ailleurs, nous pouvons au moins dire qu’on aide une partie de notre industrie. De plus, nous possédons une niche très riche de talents qu’il faut reconnaître et exploiter.

 

Cet article n’explique pas tous les maux que l’industrie canadienne vit en ce moment et surtout ne donne pas de solutions précises. Mais j’essaye de montrer une partie de la réalité que plusieurs personnes ne connaissent pas. La Chine n’est pas nécessairement le méchant dans la partie, mais plutôt un joueur qui a bien placé ses pions. Malgré tout, des décisions ont été prises mondialement et peu d’actions ont été entreprises par l’industrie.  En ont découlé des conséquences fâcheuses pour l'industrie occidentale, certe, mais en bout de ligne, c'est le consommateur qui en bénéficie. Il faut juste savoir comment en profiter.

 

Laurence Pérusse

BIBLIOGRAPHIE

 

INDUSTRIE CANADA. Consulté le 20 décembre 2014.

 

LE MONDE.  Consulté le 20 décembre 2014

 

PEOPLE DAILY. Consulté le 20 décembre 2014

 

REMILI, Naoufel. 2013, Introduction au marketing et au commerce de la mode, MOD1620, Université du Québec à Montréal, École supérieure de mode de Montréal, session d'automne.

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